Le sunđuz est la langue parlée par ceux que l’on appelle « les Arrivants ». Depuis leur atterrissage spectaculaire le 23 août 2002, personne n’ignore que les sunđuz sont parmi nous. À New York (États-Unis), Cape Town (Afrique du Sud) et Beijing (Chine) les vaisseaux ont causé des destructions, suscité l’inquiétude mais aussi l’espoir.
Ce corpus rassemble des informations essentielles sur la langue extraterrestre parlée par nos hôtes. La diffusion de cette langue vise à réduire les malentendus entre nos peuples, ainsi qu’à l’ouverture culturelle des apprenant·es.
De nombreuxes scientifiques travaillent d’arrache-pied à traduire intégralement le sunđuz afin que celui-ci puisse être appris et pratiqué par les Terrien·nes. Ce codex consigne leurs découvertes.
En suivant les différents menus, vous pourrez découvrir l’alphabet, la prononciation et quelques bases élémentaires de vocabulaire et de grammaire.
Voici un fait qui devrait amuser nos lecteurices : nous appelons « sunđuz » ces extraterrestres car ce son paraissait récurrent lors des premières tentatives de communication avec elleux.
Toutefois, aujourd’hui que nous maîtrisons leur langue et qu’iels parlent une partie des nôtres, nous sommes certain·es que ce mot ne veut rien dire en « đisuni ». En effet, « đisuni » est le véritable nom du « pays » comme de la langue de ces extraterrestres.
Il est en effet important de se souvenir que nos visiteureuses ne représentent qu’un seul groupe humain, qui plus est très réduit. Nous utilisons parfois le terme de « Nation » au sujet de « đisuni » (le territoire) et utilisons aussi l’expression « les đisuni » (les habitant·es).
Quant à leur planète : il se trouve que son nom est intraduisible, car il est un équivalent du mot « Terre ». Aussi, si nous devions traduire « naharađ » – le mot que les Arrivant·es utilisent pour désigner leur planète – nous serions obligé·es de les nommer « Terrien·nes », ce qui générerait un trop grand nombre de confusions.
Ce codex constitue une introduction basique au sunđuz pour celles et ceux qui voudraient l’apprendre. Il est rappelé aux apprenant·es que cette langue est encore en cours de traduction.
Des équivalences données peuvent ainsi être amenées à être corrigées au fil des recherches internationales menées à ce sujet.
Le « sunđuz » est, de l’avis des linguistes qui ont commencé à l’étudier, une langue difficile. Nous savons que de multiples ressources existent pour découvrir cette langue et invitons les apprenant·es à ne pas se décourager pendant les premiers stades de l’apprentissage.
De manière classique, nous vous proposons d’apprendre en premier lieu à dire bonjour. En sunđuz, la manière formelle de saluer une personne est la suivante :
Cette expression est idéale pour découvrir le fonctionnement du sunđuz. Voici comment elle peut être décomposée :
Dans une traduction littérale, on lira donc :
vous porte-je respect
Il existe des variantes plus familières de cette phrase, qui est très formelle, et à réserver pour les cadres professionnels ou les situations de déférence.
Voici une salutation plus commune :
Ce terme résulte d’une phrase ancienne compressée. Traduite littéralement, on peut comprendre « je vois le jour » (sous-entendu : le jour qui vient).
À l’écrit, une apostrophe peut amener cette suspension, cet aspect tourné vers le futur (nous reviendrons sur l’usage de ces glyphes) :
samaludiqo’
Il existe également une version très familière, encore plus contractée (équivalent d’un « salut ! ») :
Afin de compléter cette première évocation des formules de politesse, nous devons également penser à « au revoir » :
À nouveau, décomposons l’expression :
La phrase signifie, littéralement :
bon-temps pour-toi
Vous avez dû remarquer que les phrases sunđuz comportent dans leurs versions latinisées un grand nombre de tirets. Nous devons donc nous arrêter sur cette particularité sémantique et scripturale un instant.
Remarquez comment les sunđuz composent une expression : iels relient des éléments qui vont ensemble par le glyphe « - ».
On appelle ces caractères spéciaux des glyphes liants.
Dans la version latinisée du sunđuz, on remplace « - » par un tiret. Ce glyphe liant, qu’on appelle az (az), relie des mots et les transforme par cette connexion. Pour mieux comprendre le principe, pensez que nous avons quelque chose d’assez proche en français. En effet, « belle fille » et « belle-fille » ne signifient pas la même chose.
Il est vrai que cette particularité est rare en français, alors qu’elle est fondatrice en sunđuz.
Autre particularité : le signe typographique de l’espace n’existe pas en sunđuz. De l’aveu des premier·es apprenant·es, c’est un des aspects les plus troublants de cette langue lors des premieres leçons. Il a souvent été écrit, à cet égard, que les sunđuz avaient horreur du vide.
En réalité, ce n’est pas tout à fait exact. Les sunđuz, ou en tout cas les đisuni, sont un peuple dont la culture accepte plus facilement les silences dans la conversation et les phrases très courtes que dans nos cultures terriennes occidentales.
Les espaces de la version latinisée seront donc remplacés par un autre glyphe liant qu’on appelle le sona ( ).
Les points, les virgules et les majuscules de début de phrase sont des concepts non avenus en sunđuz. Quand au haut de casse (ce qu’on appelle parfois dans le langage courant des majuscules), là encore, il n’existe rien de tel en sunđuz.
Comment les sunđuz font-iels des phrases, si iels n’ont pas de point ou de virgule ? C’est là que le sona joue un rôle majeur. Pour générer des pauses, plus ou moins longues, on ajoute ou on retire des sona. Il existe même, codé sur la virgule, un double sona à l’angle un peu différent… Mais dans les messages écrits manuellement, les sunđuz usent et abusent de ce glyphe pour ajuster leurs intentions, traduire une tonalité, imposer un rythme… et en multiplient les variantes.
Soyons clairs dès cette introduction : il n’est pas possible, pour l’heure, de produire un document synthétisant toutes les variations et occurrences du sona et du az.
Les amateurices pourront néanmoins lire cet article de fond pour en savoir plus :
→ Hernández, Jusepe & Mogi Ibuki. 2016. « Silent Clitics or Punctuation Marks? A Case for a Renewed Understanding of the đisuni Sentence Formation », Journal of Linguistics, vol. 2, issue 2, pp. 56-79.
Ainsi, sona et az sont de véritables tout-en-un de la ponctuation : ils peuvent tour à tour être équivalents à une virgule, un point ou encore un point d’exclamation.
Pour l’heure, vous avez seulement besoin de vous souvenir de principe :
sunđuz | sunđuz latinisé | nom |
---|---|---|
(remplacé par espace) | sona | |
, | , | double sona |
- | - | az |
Seules les interrogations possèdent leur propre glyphe, que voici : 0.
Ce glyphe est codé sur le caractère « 0 » (zéro) de la fonte. Il se place au début de la question, comme ceci :
Ou : « comment vas-tu ? », de manière familière.
Décomposons cette phrase afin de découvrir quelques éléments qui seront importants ultérieurement :
Littéralement, on comprendra :
comment portes-tu corps-ton ?
À l’oral les accents toniques seront portés sur les lettres suivantes :
wans vras-de sassa-d?
Notez que le mot « corps » soit « sassa » connaît plusieurs orthographes, surtout lorsqu’il est concaténé pour former d’autres expressions.
À présent, intéressons-nous à d’autres variables de la langue sunđuz.
Les interjections liantes sont des mots courts, proches d’onomatopées qui, isolées, n’ont pas vraiment de sens (ou alors, par homophonie). Associées à d’autres termes, leur rôle pour le sens général de la phrase peut être déterminant.
Il y a principalement trois interjections liantes en sunđuz :
Ces interjections se placent au cœur de la phrase, par exemple :
Cette phrase signifie « je suis fatigué » ; mais « vru » (vru), en son cœur, indique une immense fatigue.
Mais il faut remarquer que « vru » ne s’attache pas à « mavasin » (qui signifie fatigue). Il est relié par un az à un autre mot et c’est donc cette combinaison qui sera amplifiée.
Traduisons littéralement la phrase pour mieux comprendre :
Littéralement :
suis-je vraiment sous fatigue !
Profitons de cet exemple pour observer nos glyphes liants : le az relie le verbe et son sujet, ainsi que cette interjection liante et ce qu’elle vient souligner. En réalité, c’est moins la fatigue qui est amplifiée, que son écrasement. Il est donc différent de dire :
et de dire :
Dans le premier cas, l’accent est mis sur soi, écrasé·e par la fatigue.
Dans le second cas, l’accent est mis sur la fatigue et donc probablement sur ses causes (surcharge de travail ? Manque de sommeil ?).
Il s’agit ici de subtilités qui sont très importantes en sunđuz.
Interjections liantes et glyphes liants peuvent s’allier, s’infléchir et se renforcer mutuellement. Observons comment à l’écrit, un·e sunđuz peut modifier notre phrase d’exemple. Nous utiliserons ici la scripte pour mieux le suggérer. Vous pouvez vous aussi utiliser cette scripte : il suffit pour cela de mettre le texte sunđuz en italique.
C’est la phrase de base que nous avons vue. À présent, imaginons ce message écrit :
La version latinisée reste la même mais la variante sunđuz est bien différente.
Dans cette version, on obtient une phrase pleine d’emphase, un peu comme si nous écrivions : « je suis très fatigué·e !!!!!!!!! ». Mais il faut imaginer un monde où le nombre de points d’exclamation ajoutés serait porteur de nuance identifiables et collectivement partagées.
Notre première leçon de sunđuz s’achève ici, mais de nouveaux contenus sont disponibles ci-après. Nous vous invitons à poursuivre l’apprentissage en vous rendant, grâce au menu, dans la partie « alphabet » de notre codex.
Le CsCS (Center for sunđuz Containment and Studies) peut être joint à l’adresse suivante :
CsCS - General Information DeskLe centre ne peut vous renseigner sur d’éventuels cours de sunđuz. Pour ce faire, nous vous conseillons de vous rapprocher de la sFIU (sunđuz Friends for Interterrestrial Understanding).